Avec le Rexton de 4e génération revu de fond en comble (il a été lancé en première mondiale au Seoul Motor Show 2017), SsangYong entend casser une fois pour toutes son image de constructeur à la traîne. Cette tentative de dépoussiérage, amorcée en 2015 et 2016 avec le Tivoli et le XLV, revêt une importance cruciale pour le Rexton dans la mesure où ce grand SUV est le modèle le plus connu et le plus ancien de la marque au double dragon (la première génération remonte à 2001). Conscient de l’urgence, Ssang-Yong a organisé en août et septembre un road trip, le Trans Eurasia Trail, entre Séoul et Londres. Ce voyage comportait cinq étapes. Nous avons testé en primeur le nouveau Rexton lors d’un périple qui nous a menés sur près de 1500 kilomètres de Moscou à Varsovie.
Design plus noble
En observant les cinq Rexton postés devant notre hôtel moscovite, force est d’admettre que le dernier bébé de SsangYong s’est anobli. Ce SUV, même s’il ressemble un peu trop au Hyundai Tucson, a été dessiné avec goût. La face avant, avec une large calandre à barrettes verticales, ainsi que les nervures sur les ailes, lui confèrent quelque raffinement. Mais c’est surtout l’impression de puissance qui frappe. Décliné en 5 et 7 places, le Rexton de 4e génération en impose par ses dimensions: 4,85 m de longueur (4,75 m pour son devancier), 1,96 m de largeur (1,90 m) et 1,82 m de hauteur (1,84 m) pour un empattement de 2,86 m (2,83 m). Au moment de quitter la capitale russe, un autre aspect retient notre attention: la contenance du coffre. Pour notre modèles 5 places, SsangYong annonce 820 l (1977 l avec banquette arrière rabattue), des valeurs qui font du Rexton l’un des leaders de la catégorie. Nous en avons été témoin, le SUV coréen avale sans broncher plusieurs grosses valises.
Habitabilité de haut vol
Une fois à bord de notre version haut de gamme Sapphire avec pack Elegance et quatre roues motrices, le sentiment d’espace et de confort trouve confirmation. Les sièges réglables électriquement s’adaptent à tous les gabarits. Ventilés à l’avant et chauffants à l’avant et à l’arrière, ils seront un allié contre la fatigue lors des étapes de plusieurs centaines de kilomètres parcourues chaque jour. Marque de fabrique de SsangYong, l’habitabilité est au top. A l’avant, les passagers jouissent d’une grande liberté de mouvement. A l’arrière, la garde au toit et l’aisance aux jambes sont généreuses. Un passager de 1,75 m dispose d’une marge de plus de 10 cm au-dessus de la tête et de
15 cm pour les jambes avec les sièges avant positionnés à mi-rail. Quant aux espaces de rangement, ils abondent: des bouteilles peuvent être logées un peu partout dans l’habitacle, sur la console centrale, les portières avant et arrière, ainsi que l’accoudoir arrière.
S’il est un domaine où SsangYong a réalisé des progrès, c’est bien celui de la présentation intérieure et de la qualité des matériaux. L’habitacle est soigné, avec une belle sellerie noire en cuir Nappa avec motifs à carreaux sur le tableau de bord et les contre-portes (la sellerie est également proposée en marron/noir, ivoire et noir avec toit beige). La finition et l’assemblage sont corrects. Aucun crissement de mobilier n’a d’ailleurs perturbé notre voyage. On regrettera le placage faux bois sur la partie droite de la planche de bord, qui fait à nos yeux terriblement kitsch.
Le dessin du tableau de bord souffre, lui, d’un classicisme fade, même si l’écran multimédia tactile 9,2 pouces compatible avec Apple Car Play et Android lui donne une pointe d’éclat. La qualité du graphisme, la bonne hiérarchisation des menus et la réactivité des touches en sont les points forts. Malgré la forêt de boutons et de commandes – on en a compté un peu plus d’une vingtaine –, l’ergonomie est conçue avec intelligence et sens pratique.
Nouvelles suspensions
On l’a écrit, le Rexton de 4e génération n’est pas une évolution de l’ancien modèle, mais une voiture revue de pied en cap. Ainsi en va-t-il du châssis, rigidifié et doté de nouvelles suspensions (double triangulation à l’avant et multibras à l’arrière). Celles-ci encaissent bien les irrégularités de la chaussée à haute vitesse, mais se montrent rugueuses dès que le véhicule affronte des nids-de-poule à faible allure.
Après avoir échappé aux engorgements de Moscou, nous avons parcouru presque 500 km sur une interminable route en ligne droite jusqu’à la frontière lettonne. Le Rexton s’y est révélé une excellente routière. La tenue de cap et le confort de roulement impressionnent, alors que l’insonorisation est une réussite. A vitesse soutenue, les bruits aérodynamiques et du moteur sont à peine perceptibles. Evidemment, dès qu’il s’aventure sur des tronçons plus sinueux, le SUV coréen, handicapé par un poids de plus de deux tonnes, trahit ses limites: son comportement se fait pataud, même si la prise de roulis dans les virages à rayon moyen n’a rien de scandaleux. Si le design, le châssis, la connectivité et l’agencement intérieur ont été repensés, tel n’a pas été le cas de la motorisation. On retrouve sous le capot le 2,2-l e-XDI 220 diesel du Rexton d’ancienne génération dont la puissance et le couple ont été légèrement revus à la hausse: 181 ch (+3 ch) pour 420 Nm (+20 Nm). SsangYong signale toutefois qu’un tout nouveau 2-l essence de 225 ch pour 360 Nm sera proposé fin 2017. Le bloc turbodiesel du Rexton est associé à une boîte automatique 7 rapports d’origine Mercedes ou à une boîte mécanique Aisin 6 vitesses. Nous disposions de la boîte auto, certes précise, mais lente. Et dieu que la grille de sélection des vitesses fait vieillot! Vif, le moteur permet des accélérations vigoureuses et se distingue par des montées en régime dynamiques. Nous avons pu vérifier sa réactivité lors de multiples dépassements de poids lourds.
Pas de 4×4 permanent
A la différence de maints concurrents, SsangYong fait l’impasse, peut-être à tort, sur la transmission intégrale permanente. Le constructeur coréen propose un 4×4 enclenchable. En conditions normales, le couple est transmis sur l’essieu arrière. Sur terrain accidenté, une molette sur la console centrale permet d’actionner les quatre roues motrices avec rapports courts. Dépourvu de différentiel central, le système repose sur une boîte de transfert. Dans les forêts au terrain glissant de Lituanie, le Rexton a fait preuve d’indéniables qualités de tout terrain.
Au terme de ce voyage de 1500 kilomètres, le verdict est sans équivoque: avec le nouveau Rexton, SsangYong propose, il était temps, un SUV à la page en matière de qualité de matériaux et de technologie embarquée. La connectivité et la liste des aides à la conduite sont enfin dignes de la concurrence (caméra panoramique 360 degrés, freinage d’urgence, reconnaissance des panneaux de signalisation, alerte de franchissement de ligne). Dommage que les ingénieurs coréens n’aient pas prévu un régulateur de vitesse adaptatif. Sur le plan du rapport prix/équipements, le Rexton est bien positionné. Le ticket d’entrée (version Crystal deux roues motrices et boîte manuelle) est fixé à 31 990 francs. Il faut y ajouter 3000 fr. pour la boîte automatique et 2000 francs supplémentaires pour le 4×4. La finition haut de gamme Sapphire démarre à 39 490 fr en deux roues motrices. Quant aux versions 7 places, elles sont disponibles moyennant un surplus de 600 ou 1000 francs selon le niveau de finition. Aspect non négligeable, pour son SUV, SsangYong indique une capacité de remorquage de 3,5 tonnes. Le nouveau Rexton sera commercialisé en Suisse dès novembre.