Polar de gare
Le dieselgate, puits sans fond de voyouterie économique ou roman-feuilleton surmédiatisé au scénario si redondant qu’il en devient à la fois lassant et prévisible? Le scandale Volkswagen, marqué par les aveux des dirigeants du géant allemand, relève sans conteste de la première catégorie. En revanche, les affaires qui ont suivi barbotent trop souvent dans un climat de suspicion généralisée, de chasse aux sorcières, de stigmatisation de l’industrie automobile, de sorte que le dieselgate se mue parfois en polar de gare entrecoupé d’épisodes convenus et attendus.
Au tour de GM
Après VW en terres étasuniennes, mais aussi Renault, le groupe PSA et Fiat Chrysler Automobiles (FCA) en France, c’est au tour de General Motors (GM) de tenir le rôle-titre de ce thriller politico-économique qui a démarré, faut-il le rappeler, à l’automne 2015. Procédé classique dans un pays comme les Etats-Unis où le juridisme est une seconde peau, le premier constructeur automobile américain est la cible d’une plainte collective déposée fin mai devant un tribunal du Michigan.
Bosch en grand ordonnateur de la triche
Les recourants accusent le colosse de Detroit d’avoir installé, entre 2011 et 2016, des logiciels truqueurs sur les blocs diesel de ses pick-up Chevrolet Silverado Duramax et GMC Sierra Duramax. Déjà épinglé dans l’affaire Volkswagen, l’équipementier Bosch serait, aux yeux des plaignants, le chef d’orchestre de la tricherie. En cause, le boîtier de gestion électronique du moteur de type EDC-17 (Electronic Diesel Control), qui permettrait de manipuler les tests d’émissions d’oxydes d’azote (NOx). FCA se retrouve lui aussi sur le banc d’infamie au pays de l’Oncle Sam: la justice reproche à l’entreprise dirigée par Sergio Marchionne d’avoir recouru, à l’instar de VW et GM, à des softwares truqueurs sur plus de cent mille véhicules Jeep et Ram Trucks. Tant GM que FCA jurent leurs grands dieux qu’ils n’ont pas les mains sales. Comment, en l’état des enquêtes, douter de leur bonne foi, tant les accusations semblent pour l’heure inversement proportionnelles aux preuves mises sur le tapis pour clouer les constructeurs au pilori?
Bosch et Daimler dans le viseur
En Europe également, la série du dieselgate s’est enrichie récemment de quelques épisodes piquants. Le parquet de Stuttgart a perquisitionné la semaine dernière une dizaine de locaux de Daimler dans le cadre de soupçons de fraude sur les émissions polluantes. Vingt-trois enquêteurs et 230 agents des services de la police criminelle du Land de Bade-Wurtemberg (sud-ouest de l’Allemagne) ont pris part à cette opération. Et qui trouve-t-on dans les habits du diabolique tireur de ficelles? Vous l’aurez deviné, il s’agit de Bosch, qui serait coupable de complicité active dans le cas Daimler. Mais le dieselgate, c’est aussi une affaire de gros sous. Pour preuve, VW risque une amende de 19,73 milliards d’euros en France. Cette sanction s’inscrit dans le cadre de la procédure judiciaire engagée pour «tromperie aggravée» en matière d’émissions polluantes, révèle Le Monde. Le quotidien français cite le procès-verbal de 24 pages de la Direction générale de la répression des fraudes auquel il affirme avoir eu accès. Il rappelle que le chiffre de 19,73 milliards d’euros correspond à 10% du chiffre d’affaires moyen de VW sur les exercices 2012, 2013 et 2014, comme le veut la règle en vigueur.