C’est dans un dépôt de Zuffenhausen que sont rassemblées toutes les voitures qui, pour différentes raisons, ne sont pas exposées au musée ou qui circulent à travers le monde en tant qu’ambassadrices de la marque afin de célébrer le passé de Porsche. De nombreuses 911, Modèle G, 964 et 993 de date récente sont d’ailleurs équipées d’un tripmaster de façon à pouvoir participer à des courses de régularité. Le premier client de Porsche fut Rupprecht von Senger qui, dès 1947, noue des contacts avec l’entreprise qui se trouvait alors à Gmünd, en Carinthie (Autriche). C’est d’ailleurs Rupprecht von Senger qui, grâce à son appui financier, contribue au démarrage de la production chez Porsche. Le Suisse s’assure en contrepartie une option sur les cinquante premières voitures de sport que la marque devait construire. En 1948, il prend possession de la voiture numéro un, le premier prototype de la Porsche 356. Le 7 juillet 1948, la RA consacre un reportage à cette voiture après avoir été, trois jours plus tôt, le premier média de l’histoire à tester le «tout dernier rejeton d’un grand nom», comme le proclame le titre.
Un des fleurons du musée
Cette voiture constitue, en 1958, la base de l’impressionnante collection de véhicules de l’entreprise après que la société Porsche fut revenue, en 1950, à Zuffenhausen à l’issue de l’exil autrichien imposé par la guerre. Elle est aujourd’hui l’un des fleurons du Musée Porsche, à l’instar de la dernière voiture neuve de Ferdinand Porsche, une 356 Coupé noire que le concepteur de la Volkswagen ou des premières voitures de course d’Auto Union reçut, quatre mois avant sa mort, de son fils Ferry pour son 75e anniversaire. Avec environ 400 000 km au compteur, cette 356 a servi de véhicule d’essai et de fonction avant d’être intégrée à la collection. Le Musée Porsche abrite toutes les voitures de série et évoque les héros de la course automobile qui ont défendu les couleurs de la marque allemande.
Certaines des autos alignées comme à la parade n’ont, extérieurement, rien de spectaculaire, mais un coup d’œil jeté dans un Cayenne révèle, par exemple, un élément inhabituel: on voit surgir de la console centrale un pommeau de vitesse manifestement destiné à gérer une boîte mécanique. Sur un bâti en troisième rangée surplombant les voitures garées pare-chocs contre pare-chocs, on remarque une 964 au train arrière bizarrement reculé et avec un orifice ménagé dans le flanc entre la portière et l’arche de roue. L’année de construction de la 964 et le trou concordent: il s’agit d’un véhicule expérimental maquillé pour le Boxster à moteur central présenté en 1996. Oui, les aficionados de Porsche doivent savoir qu’un prototype arborant ce nom trônait déjà en 1993 à Detroit lors du Motorshow. Il figure aujourd’hui dans le dépôt des collections de l’usine. Il y a également des voitures qui suscitent un certain étonnement. On pense à une Lada Samara beige sable dans toute sa laideur. En fait, les calculs pour la structure de carrosserie ont été effectués au centre de développement Porsche situé à Weissach.
Icônes à profusion
Mais on trouve aussi d’authentiques icônes de l’histoire de Porsche, comme la Porsche 917 rouge à bandes blanches de Hans Hermann et Richard Attwood victorieuse aux 24 Heures du Mans 1970 ou une 906 à queue longue dans toute sa virginité, «la Porsche de compétition la plus originale des années 1960», explique le responsable de la collection Benjamin Marjanac. Qui poursuit: «A vrai dire, nous n’avons pas de budget précis, mais au début de la semaine, j’ai acquis en France une 924. Incroyable mais vrai, nous ne disposions pas encore de ce modèle. De façon générale, ce sont surtout des voitures de série qui nous manquent.» En fait, la collection achète les voitures de manière tout à fait officielle, sans passer par des hommes de paille, souligne Benjamin Marjanac.
Des voitures qui doivent si possible rouler
Un musée automobile a d’autres missions qu’une institution publique. Ainsi est-il important, pour Porsche, que les voitures de collection soient capables de rouler. «Toutes? Ce serait impossible, confie Benjamin Marjanac. Nous avons tout de même une équipe dédiée qui fait sa tournée chaque semaine pour regonfler les pneus.»
Malgré tout, moult véhicules ont passé avec succès les contrôles techniques, même des spécimens uniques comme la Porsche 911 GT1 dans sa version civile. Le travail semble immense, la collection ne cesse de s’enrichir. Tout récemment encore, le Porsche Cayenne détenteur du record sur le Nürburgring est venu enrichir la collection. Mais Porsche ne cache pas ses voitures, bien au contraire. Le constructeur les présente aussi souvent que possible au grand public. Pour l’année anniversaire de 2018, nous sommes curieux de voir ce que les collectionneurs de Zuffenhausen sortiront des cartons.