Cette fois-ci, il ne s’agissait plus de proposer la traversée de la rade, mais d’inscrire dans la Constitution cantonale la traversée du lac. Ce projet, dans l’optique des initiants, doit permettre de réaliser le bouclement autoroutier de Genève, tout en permettant une desserte rapide de la rive gauche et une liaison favorable avec la future autoroute Annemasse–Thonon. Les élus français estiment même la nouvelle artère indispensable au Grand Genève.
Pour revenir à la votation du week-end dernier, il est intéressant de constater qu’en ville de Genève huit circonscriptions sur 17 ont voté contre le projet, alors que toutes les communes de la campagne, à l’exception de celle de Puplinge où se situerait le premier échangeur sur la rive gauche, ont accepté le projet. Le principe d’une traversée du lac a été approuvé par 63,57% des votants.
Une victoire d’étape
Pour le conseiller d’Etat Luc Barthassat, responsable de la mobilité, le résultat de cette votation n’est qu’une victoire d’étape. On se souvient qu’à la fin des années 1980 la traversée de la rade avait été acceptée dans un premier temps et refusée par la suite. Aujourd’hui, la situation est un peu différente, parce qu’il s’agit de prévoir le trafic de 2030 comme d’ailleurs l’urbanisation de la rive gauche, sur Suisse comme sur France, qui est en voie de développement dans les prochaines années. Il est prévu que, dès la mise en service de cette nouvelle artère, le trafic en ville diminue de 30%. Que va-t-il se passer maintenant? Le groupe de pilotage du projet sera convoqué et élargi à de nouveaux partenaires qui seront des collectivités vaudoises et françaises, de même qu’aux communes genevoises concernées. Un contact sera pris ensuite avec les autorités fédérales pour savoir dans quelle mesure un péage pourrait être appliqué.
D’ici à 2017, on pourrait envisager le financement. C’est vers 2020 qu’un certain nombre de procédures seraient terminées et qu’on connaîtrait le montant des crédits d’études et de réalisation. Le tout sera suivi d’une probable consultation populaire. Entre 2020 et 2025, on prévoit les études de détail, les autorisations, le traitement des oppositions et, de 2025 à 2030, la construction proprement dite pour une mise en service en 2030.
Mobilité de demain
Les Verts ont de leur côté lancé une initiative «Pour des transports publics plus rapides». La majorité du Grand Conseil a refusé cette initiative, mais a élaboré un contreprojet qui précise les modalités d’une mise en œuvre équilibrée de la priorité des transports publics au sein du canton. Dans cette élaboration, l’ensemble des partis ont participé et approuvé le contreprojet, y compris les Verts. Signal positif, c’est la première fois que toutes les formations se sont mises d’accord pour une question de mobilité à Genève.
Quels sont les éléments de cette nouvelle loi qui concernent les automobilistes? Au gré des nouveaux articles, on trouve les éléments suivants: un périphérique autoroutier qui contourne l’agglomération et une moyenne ceinture routière homogène et lisible comprenant notamment le «U lacustre» dans l’attente d’un bouclement autoroutier par une traversée du lac. Ils seront complétés d’un réseau routier structurant desservant notamment les secteurs du territoire bénéficiant d’une offre en transports publics moindre, en vue de réduire les charges de trafic et de limiter le transit dans les centres urbains.
La nouvelle loi encourage l’auto-partage, l’usage du covoiturage non professionnel et la mise en œuvre de plans de mobilité d’entreprises. Il est indiqué également, s’agissant de la gestion du stationnement, que la politique globale de mobilité s’appuie sur une offre de stationnement qui répond aux différents usages, tout en faisant la différence entre les habitants, les professionnels, les visiteurs et les pendulaires.
Réduction du trafic au centre-ville
Ce contreprojet, qui vient d’être accepté par le peuple, ne constitue qu’une première étape dans l’évolution des réseaux de transport. Il déploiera ses effets avant la mise en service du CEVA (2019). L’élargissement progressif de l’autoroute de contournement permettra une diminution du trafic automobile au centre-ville. Dans l’hyper-centre et les centres urbains du canton, la priorité est donnée aux transports publics. Dans le reste du canton, le contreprojet a défini des axes routiers structurants qui permettent de fluidifier le trafic automobile et les transports publics, sur lesquels des ondes vertes seront mises en œuvre. La moyenne ceinture routière, y compris le pont du Mont-Blanc et les quais, sera traitée selon ce principe. Pour les routes à fort trafic transfrontalier telles que celle de Malagnou, de nouvelles lignes de bus express prioritaires sont prévues, offrant ainsi une alternative efficace à la voiture.
Petite remarque générale faite par les citoyens votants: de nombreux bulletins blancs ont été constatés en raison d’un énoncé trop compliqué dans la présentation des objets de la votation dans le matériel de vote.