Les sondages des derniers mois avaient soulevé les espoirs les plus fous. Hélas, le verdict des urnes, tombé le week-end dernier, a douché les enthousiasmes des autophiles: l’initiative «Pour un financement équitable des transports» (vache à lait), lancée par les milieux routiers et soutenue à bras-le-corps par l’UDC, a essuyé un échec sévère, avec un rejet de 70,8%. Le principe d’un transfert aux projets routiers de la totalité des recettes liées à l’impôt sur les huiles minérales, trois milliards de francs par année, ne figurera donc pas dans la Constitution.
Président d’auto-suisse, fer de lance du comité d’initiative, François Launaz ne cache pas sa déception: «Nous nous attendions à mieux. Malgré des prises de température plutôt encourageantes, le vent a selon moi tourné ces dix derniers jours au moment où le Conseil fédéral a brandi l’épouvantail du manque d’argent, des coupes budgétaires, des hausses d’impôts, bref des problèmes financiers. Ce n’est pas le fruit du hasard, les initiatives sur le service public et le revenu de base inconditionnel se sont également cassé les dents le 5 juin. Le Montheysan poursuit: Les opposants, de leur côté, se sont mis en mouvement avec efficacité, alors que le chef du Département des finances Ueli Maurer a bien joué sa carte.»
«Nous avons dû lutter contre tous les cantons et le Conseil fédéral»
Des leçons à tirer de cette défaite? «Nous avons peiné à mobiliser les automobilistes, c’est une entreprise toujours difficile d’ailleurs, sans compter que nous avons dû lutter contre la totalité des cantons, des partis, hormis l’UDC bien sûr, et contre le Conseil fédéral. Il faut maintenant analyser la situation et comprendre pourquoi nous avons perdu dans les urnes. Même s’il a toujours raison et qu’il faut accepter ses décisions, le peuple, en mettant le holà à l’initiative vache à lait, a en quelque sorte entériné l’idée d’une augmentation du prix de l’essence», explique François Launaz.
Une fois l’amertume digérée, la priorité va désormais à la mise en place du Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA), qui sera au programme du Conseil national ce 15 juin dans le cadre de la session parlementaire d’été. «La Chambre du peuple doit accepter un compromis intelligent. Le pire pour l’avenir des infrastructures routières du pays, c’est que FORTA échoue devant le peuple, la votation devant avoir lieu en février ou juin 2017. En tout cas, la bataille s’annonce très rude dans la mesure où des organisations comme l’Association transports et environnement (ATE) rêvent d’un monde sans voitures», avertit le président d’auto-suisse.
L’Union suisse des arts et métiers (Usam), qui soutenait également vache à lait, se place dans la même logique que l’association des importateurs helvétiques. «Ce vote a laissé filer l’occasion d’assurer le financement de la route sans augmentation de la facture du carburant. L’Usam demande au Parlement de chercher rapidement des solutions de
financement acceptables dans le cadre du FORTA. Elle s’oppose aux augmentations de l’impôt sur les huiles minérales et, partant, aux hausses du prix de l’essence», souligne dans un communiqué la faîtière des PME suisses.
Co-initiatrice, l’UPSA se montre elle aussi combative. «Le non à vache à lait va faire passer la politique des transports à côté d’une opportunité de poids et ne lui permettra pas de poser les rails en faveur d’un avenir équitable de la mobilité, si importante pour la société suisse. L’économie et l’artisanat ont besoin d’une infrastructure routière bien aménagée qui fonctionne efficacement. L’UPSA va maintenant œuvrer en priorité avec les autres associations routières afin qu’au moins cette partie des moyens financiers impérativement requis pour l’aménagement des points névralgiques du trafic soit garantie dans le cadre des délibérations parlementaires sur le FORTA. Dans ce contexte, notre organisation annonce d’ores et déjà son opposition à une nouvelle augmentation de l’impôt sur les huiles minérales», explique le président Urs Wernli.